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Nouvelles chroniques !

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9 janvier 2011

Oh le mauvais garçon !

                                    Boris_vian_m_chant_dessin


Le déserteur

Monsieur le président
Je vous fais une lettre
Que vous lirez peut-être
Si vous avez le temps.
Je viens de recevoir
Mes papiers militaires
Pour partir à la guerre
Avant mercredi soir.
Monsieur le président
Je ne veux pas la faire
Je ne suis pas sur terre
Pour tuer des pauvres gens.
C'est pas pour vous fâcher,
Il faut que je vous dise,
Ma décision est prise,
Je m'en vais déserter.

Depuis que je suis né,
J'ai vu mourir mon père,
J'ai vu partir mes frères
Et pleurer mes enfants.
Ma mère a tant souffert
Qu'elle est dedans sa tombe
Et se moque des bombes
Et se moque des vers.
Quand j'étais prisonnier,
On m'a volé ma femme,
On m'a volé mon âme,
Et tout mon cher passé.
Demain de bon matin
Je fermerai ma porte
Au nez des années mortes,
J'irai sur les chemins.

Je mendierai ma vie
Sur les routes de France,
De Bretagne en Provence
Et je crierai aux gens:
«Refusez d'obéir,
Refusez de la faire,
N'allez pas à la guerre,
Refusez de partir.»
S'il faut donner son sang,
Allez donner le vôtre,
Vous êtes bon apôtre
Monsieur le président.
Si vous me poursuivez,
Prévenez vos gendarmes
Que je n'aurai pas d'armes
Et qu'ils pourront tirer.

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9 janvier 2011

Boris Vian


Boris_vian_dessin__bis

7 janvier 2011

Pinocchio de Pommerat - Ateliers Berthier

.

pinocchio_creditElisabethCarecchio1

De l'extraordinaire au moralisme

Pinocchio, est pour beaucoup souvenir de notre enfance. On sait son incroyable parcours ; on se souvient de ce dur apprentissage de la vie, ce parcours initiatique qui le mène enfin à devenir le petit garçon, en chair et en os qu’il souhaitait. Pinocchio de Collodi est avant tout un conte, que Pommerat (en se le réappropriant) magnifie et rend plus réel et fantasmatique d’une pierre deux coups.

Cette grande salle de l’Atelier Berthier est remplit à craquer. Petits et grands enfants sont réunis sans distinction. Monsieur Loyal, torse nu et micro, nous reçoit de sa voix à la fois grave et accueillante ; il nous contera l’histoire « extraordinaire et véridique » de ce grand petit Pinocchio ; être naif assoiffé d’aventures et de découvertes La scène est sombre, propice à l’imaginaire des contes effrayants que beaucoup d’enfants redoutent. La musique et les bruitages se font tonitruants quitte à faire sursauter la moitié de la salle. L’ambiance orageuse, pesante, nous amène dans un univers plutôt noir, plutôt triste, placé sous le signe de la pauvreté de Geppetto. L’illusion est omniprésente, les noirs à répétition – qui, au bout d’un moment peuvent agacer le spectateur - permettent de nous emmener d’un tableau à un autre. On participe presque à la création de notre cher petit pantin. De noir en noir, on voit Geppetto le transformer à partir de ce tronc d’arbre hanté, hanté d’une forte envie de vivre. Chaque tableau est emprunt de poésie, de celle d’une dure réalité à la plus étonnante et fantasmatique vision. On hésite pas sur la violence des deux escrocs, sur la cruelle dureté de Pinocchio qui agresse son père pour avoir de quoi s’habiller, de quoi manger. Laissant le pauvre homme avec encore moins qu’il n’avait. On est aussi émerveillés que Pinocchio par cette cantatrice de cabaret/boite de nuit dont la voix résonne dans toute la salle. On est apaisé par la beauté pure de la marraine de Pinocchio, si grande, inatteignable reine. Cette marraine qui promet à Pinocchio de le transformer en petit garçon s’il ne ment plus, s’il devient gentil avec son père et qu’il va à l’école. Pinocchio devient le meilleur élève de sa classe. Sur scène, les bancs d’école trônent avec pour élèves des espèces de mannequins animalisés ; donnant à Pinocchio humanité. Nous somme dans une réalité rêvée, entre réel et rêve. La mise en scène de Pommerat permettra aux plus grands de percevoir le parallèle avec la société d’aujourd’hui, société d’illusion, d’argent facile et de consommation ; comme sa mise en scène un monde du trompe l’œil ou l’essentiel reste à découvrir .Alors que les enfants seront envahit par l’univers fabuleux et les aventures de Pinocchio, à qui ils s’identifient sans doute.

Pinocchio est joué par une petite comédienne, il ne semble pas vraiment avoir d’identité sexuelle définit, mi-homme mi-femme, il laisse aux enfants s’imaginer qui il est. Le jeu des comédiens sans afféterie ni réalisme se place à un endroit intime et ambiguë, on prend part à l’histoire ; à la souffrance de Geppetto qui rêvait d’un petit garçon, à celle de Pinocchio qui rêve d’être riche, à celle de son jeune camarade de classe qui rêve de liberté.

Rien n’est fait à moitié, avec Pommerat, tout est beau. Les effets de lumières, de contrastes, nous donne des sensations d’images cinématographiques. Mais ce spectacle, mis sous le signe de la vérité - étant d’après le metteur en scène la chose la plus importante -  peut agacer de par son moralisme trop pesant. On a tout de même l’impression, en amenant nos enfants, de les conditionner. Chers petits êtres, regardez donc ce qui arrive à Pinocchio quand il ment, ce n’est pas bien de mentir ! Il faut être sage, travailler à l’école. Si vous voulez seulement vous amuser vous vous transformerez en âne ! Certes, c’est le propre de l’histoire de Pinocchio, mais le tout est trop renforcé par Mr Loyal, tantôt cynique, tantôt compatissant. Les leçons nous sont vraiment jetées avec hargne : toujours dire la vérité, faire ce qui est juste pour soi et les autres, apprendre à travailler pour son propre bonheur et celui de son entourage.

Quoiqu'il en soit la question qui semble posée ici est "comment parvenir à vivre?" Pinocchio après tant de désenchantements comprend que la vie est là, simple, tout près de lui. Évidemment tout se termine bien, il retrouve son père dans le ventre de la baleine et lui parle encore et encore rattrapant ce temps perdu. Tant il parle que la baleine, affaiblie par la voix de Pinocchio, les rejettera sur cette belle mer de lumière. Puis voilà Pinnocchio et son père riches, le voilà intelligent et cultivé, devenu ce vrai petit garçon, ayant gagné son humanité. Pour Pinocchio et Pommerat, la vie est une épreuve de vérité. A vrai dire, ces deux derniers se sont bien trouvés.

 

9 décembre 2010

Au beau milieu de la nuit...

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- Tout les soirs - non - presque tout les soirs

je m'endors, ou plutôt j'essaye de m'endormir; avec cette pensée

cette pensée-sensation (les deux en fait - ça a une suite logique non? - )

cette pensée-sensation, qui fait naître envies et frustrations

mon corps se rétracte

une petite boule chaude prend beaucoup de place dans mon ventre

ce n'est pas désagréable, ce n'est pas agréable non plus:

on se sent juste vivant

vivant de vouloir, de pouvoir, de faire

sans trop le pouvoir, où, du moins, sans trop croire le pouvoir

tout de même - et on le sait - je le sais

je m'apaise, paupières lourdes sous la brume de l'ennuie.


Peinture: La Madeleine à la veilleuse de Georges de La Tour 

8 décembre 2010

Esse que quelqu'un sait où on peut baiser ce soir? J'ai répondu aux bois.


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Esse ce que quelqu’un sait où on peut s’emmerder ce soir ? J’ai répondu au théâtre de Gennevilliers.. Où sont donc passées les frontières du vulgaire ?

 

Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs. Retenez votre souffle. Vous allez, pour votre plus grand bonheur assister à un spectacle pour le moins déconcertant ! En premier lieu, malgré le titre qui n’encourage pas à aller le voir, le spectacle semble intéressant. D’après le propos de son metteur en scène, on pense être amené à voir un spectacle plus ou moins humaniste, où une certaine ouverture d’esprit s’opère sur le monde des prostitués et travestis : « ..ces personnages… des laissés pour compte réduit à l’absence.. mettent tout en œuvre pour échapper aux images « sous le manteau » dans lequel on les relègue généralement. » nous dit Monsieur Da Silva ; mais c’était bien mal le connaître ! Que d’attentes déçues. La salle pourtant remplit est exposée à un ramassis d’obscénités en tout genre. Les comédiens déguisés s’exhibent et s’adonnent dans un jeu ridicule et dégradant très porté sur le sexe, évidemment. Œufs, lait, épée, ceinture godemichet, godemichet tout court. Autant d’accessoires évoquants et totallement représentatifs de ce à quoi on peut s’attendre avec Esse que quelqu’un sait où on peut baiser ce soir ? J’ai répondu aux bois. Très original Monsieur Da Silva ! Si ce n’était que ça… Les comédiens dans un carnaval de jeu grotesque et sale, se frottent, se roulent par terre, crient ce que personne n’a envie d’entendre dans une diction pour le moins supportable, espèce d’orgie verbale insoutenable! Ces êtres du Bois de Boulogne ne sont qu’assimilés au sexe, ils ne sont là que par leur fantasmes en désaccord avec leur sexe. Comme le dit le metteur en scène (aussi comédien) ces êtres n’ont rien de naturel. Je ne ferai qu’abonder dans son sens, en effet rien ne nous paraît. On entend un déchaînement de paroles qu’on ne comprend pas bien, d’ailleurs on ne comprend pas grand chose. « Mais c’est normal, il n’y a rien à comprendre » nous diront certains, « l’intérêt est dans la sensation ». Oui d’accord, parlons donc sensation. Le théâtre est un lieu d’échange scène/ public, jusqu’ici nous sommes d’accord, n’est-ce pas ? Ici se pose un problème : tout le long de ce spectacle, et sans répit, nous sommes confrontés à une vulgarité curieuse. Celle-ci, évidemment, nous embarrasse au plus haut point. Voilà la seule réussite du spectacle, ne pas être entendu. L’échange est bafoué, on se sent seul sur notre petit siège du rang R. On n’aurait pas voulu être plus près ! On s’ennuie de plus au manque de rythme de certaines scènes. Les comédiens sont à coté de la plaque, à coté de leur texte, ils sont dans un ailleurs qui ne nous emballe guère. Certains spectateurs se sentent vraiment, vraiment mal à l’aise, et c’est compréhensible. La scénographie essaye de nous plonger une espèce de désarroi inexpliqué. Son esthétique semble vouloir créer un espace sortie d’une énième dimension où le temps paraît arrêté: c’est sombre mais coloré, un cerf peluche puis un ventilateur, le décors est en carton patte, et seul le titre clignotant très pop-art attire notre attention. Rien est vrai, mais rien est faux ! Voici le fameux Bois de Boulogne chers amis ! Que d’enchantements pour un monde qui se veut si féerique !

 

Il est sûr qu’aujourd’hui, sous prétexte d’une société hypocrite, moralisante et trop bien pensante on légitime ce genre de choses, sans nom, insupportables. Tellement insupportables que nombreux spectateurs sans doute bien pensants quittèrent la salle bien tôt. Autant ne pas vous mentir, il en fut de même pour moi. J’avais rendez-vous au Bois de Boulogne !

 

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28 novembre 2010

Ne pas se poser de question, s'écouter simplement.

 

 

28

 

 

Est-ce si simple?

 

 

 

25 novembre 2010

Une Flûte enchantée / Mise en scène de Peter Brook

 

 

Tous redevenus de grands enfants

 

Qui ?  depuis ses premiers pas vers le théâtre n’a jamais entendu parler de Peter Brook et de son célèbre espace vide dédié à la performance de l’acteur ? Ce soir, au théâtre des Bouffes du Nord, nous assistons à Une Flûte Enchantée, d’après le célèbre opéra de Mozart. Tout le monde attend le second air de la Reine de la Nuit, et sa célèbre succession de notes très aiguës. La foule pressée entre peu à peu dans le théâtre ; heureuse de s’y installer, elle inspecte les lieux à l’aspect plutôt baroque, dans un mélange entre l’ancien et le nouveau. Nous sentons presque les fantômes de grands noms du théâtre qui rôdent autour de nous (Lugné-Poe, Armand Bernard pour ne citer qu'eux...).

 

Brook vers la fin des années 1950 a en quelque sorte abandonné l’Opéra, dans une haine absolue de cette forme figée. S’il met en scène aujourd’hui des opéras c’est en les adaptant pour que se forme une relation plus directe entre le public et les chanteurs, la musique. Oublions donc ces mises en scène traditionnelles : grandioses de riches et gigantesques décors, de somptueux costumes ; pour rester dans un théâtre plus terre à terre mais non sans magie.

En effet, la scène du théâtre des Bouffes du Nord est plutôt dépouillée, seuls un simple piano et des tiges de bambou y trônent. Mais les tons sont chauds, les murs rougeâtres renforcent notre sensation première d’un lieu qui a vieilli et qui nous livre son histoire. Il y a même quelques spectateurs à la frontière de la scène, assis sur des coussins. Où disons plutôt que tout le théâtre se fait scène. Au tout devant de celle-ci nous apercevons un petit objet filiforme que nous apprendrons être cette fameuse flûte enchantée semblant délimiter l’espace de la scène jusqu’à ce qu’un chanteur la prenne ; forme de métaphore rapprochant public et chanteurs ; nous faisons parti du spectacle.

 

Silence, le pianiste entre en scène. Les chanteurs ne tardent pas. Ce sont dans des costumes sobres, qu’ils nous chanterons en allemand cette histoire d’amour entre Tamino et Pamina. L’adaptation de l’Opéra ne dure qu’ 1h40 sans entracte et est réduite à son strict minimum, où plutôt à son essence même. Pamina, fille de la « mauvaise » Reine de la Nuit est retenue prisonnière des mains de Sarastro ; détenteur des pouvoirs de son père. Tamino, épris d’amour pour Pamina s’engage à la secourir ; la « méchante » Reine, pour l’aider, lui offre une flûte enchantée, aux pouvoirs magiques ! Il est accompagné du peureux Papageno, qui, personnage immanquablement comique, semble attiré par les choses simples de la vie ; et est aussi à la recherche d’une femme à aimer, sa Papagena. La rencontre de ces deux derniers est enfantine et rend le public presque hilare mené par la surprise (pourtant logique) de voir qu’ils sont habillés identiquement.

 

Si le chant est en allemand, il nous ravi. Mais nous sommes malheureusement obligés de décrocher nos yeux de la scène pour suivre les surtitrages qui nous aident à garder le fil. Les chanteurs sont aussi comédiens, leur jeu est proche du spectateur. Le texte se veut moderne et simple. On les regarde, les écoute, comme de petits enfants émerveillés ; on sourit, on rit, on est captivé.

La Reine de la Nuit et notamment Tamino ont un charisme fou et nous immergent dans cette espèce de Conte pour enfant où tout est à porté de main, tout est familier. Le second air de la Reine de la nuit nous donne des frissons, elle chante sa souffrance, et demande à sa fille de tuer Sarastro, si elle ne le fait pas elle sera reniée. Mais Pamina et Tamino ont décidé de suivre la voie ouverte par Sarastro, celle d’une certaine sagesse, pour pouvoir se retrouver enfin ensemble.

 

Sur scène, nous n’avons pas besoin de plus que ces tiges de bambou qui au fur et à mesure (bougées par des comédiens) délimitent les espaces, ainsi que ces tapis et écharpes, chers à Peter Brook. Nous n’avons même pas besoin d’une vrai flûte ou d’un vrai poignard. Les jeux d’ombres et de lumière font le reste pour nous ensevelir au fin fond  de l’œuvre, dont il se dégage tendresse, magie et humanité profonde.

Ici, nous ne voyons plus l’utilité de tout un orchestre, de décors et costumes sublimes pour entendre l’essence même d’un opéra de Mozart et sa magie. Brook nous le démontre avec tout son savoir faire et son amour du spectacle.

Lorsque tous, chanteurs/comédiens, venus de divers horizons, se retrouvent sur scène, nous n’avons qu’une envie, les applaudir.

 

Une Flûte Enchantée, adaptation du célèbre Opéra de Mozart, mis en scène part Peter Brook jusqu’au 31 Décembre au Théâtre des Bouffes du Nord. 

 

9 novembre 2010

La Naïve - Carrozzone Teatro

 

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Entre rires et pleurs

C’est en traversant le Quai de Valmy que nous nous retrouvons devant l’espace Jemmapes ; théâtre dédié pour ces quelques représentations à la troupe du Carrozzone Teatro ; à la rencontre de La Naïve, création du jeune dramaturge et comédien Fabio Marra.

Installés confortablement, on ne tarde pas à entendre un air déjà entendu, nous plongeant dans une atmosphère d’une Italie traditionnelle. Où l’on s’imagine bien à table, manger des tagliatelles, entourés de la typique Familia. Sous la lumière tamisée, conviviale, on a presque envie de saluer son voisin qui peut bien avoir 7 ou 77 ans. Toutes les générations sont réunies. On s’attend à des couleurs chaudes, on a envie  d’être entraînés dans un univers haut en couleur. Le rideau se lève, le silence se fait dans la salle, on regarde Anna, notre belle petite tisseuse, on sait que c’est elle la Naïve, elle le porte sur son visage comme un masque. Assise seule, à une simple table, dans un univers plutôt morne et pauvre réduit presque au strict minimum, elle se livre à la seule tache qui permet à sa famille de subsister, la couture.

Nous voyons passer sous nos yeux des tranches de vie quotidiennes mêlées aux comportements burlesques voire totalement farcesques de certains personnages dans ce petit appartement d’un quartier populaire. Le couple que forme Anna et Frédérico paraît modèle, simple, sans grande ambition. Il espère en un avenir plus prospère. Mais pour cela ne faudrait-il pas trouver ne serait-ce qu’un petit travail Frédérico ?

Au milieu de cette situation qui nous apparaît assez difficile, surgit à tout moment des gags.  Le personnage du beau père Mr Gennaro , trop envahissant, ne rend vraiment pas la vie plus facile à Frédérico et ne manque pas de l’humilier dès qu’il le peut ! Il s’amuse à vendre les vêtements de son gendre, à boire tout son café, situations auxquelles le public ne manque pas de rire ! Mais la situation ne s’arrange pas, ce sont maintenant les personnages du frère Stefano et de sa femme Sofia qui viennent vivre sous le toit de notre charmant trio. Ceux-ci ne s’y gênent guère, chassés de leur maison, sans un sous, ils n’allègent pas le pauvre moral de Frédérico, à bout de nerfs. Hélas nous sommes bien loin du compte, peu à peu on découvre que Frédérico et Sofia cachent leur relation, pauvre Anna. Ce qu’ils ne tarderons pas à apprendre est que cette dernière attend un enfant. Puis c’est au tour de la meilleure amie d’Anna de s’en mêler, femme libre, mademoiselle qui sait tout ! Chaque personnage mène ses propres stratagèmes pour arriver à ce qu’il veut. Seule la pauvre Naïve, se laisse entraîner dans ce tourbillon de mensonges. La fin en dit bien long.

Histoires de tromperies, envahissement, mal être, égoïsme et monotonie…On ne s’attendait pas à quelque chose d’aussi dramatique, mais plutôt à un bon canevas de comédia dell’arte. Non ! Celui-ci tend vers un plus grand réalisme, une espèce de tragi-comédie, où le rire est la meilleur arme.

On ne s’ennuie pas, et on se prend au jeu, on serait presque surpris de tout ce qui arrive. De rebondissements en rebondissements, de farces en farces, on s’arrête devant ces personnages qui nous touche, nous font rire, nous attriste, ou nous révulse presque. Les personnages sont de véritables taches de couleur qui animent cette scène morte. 

On retiendra la performance de Fabio Mara en Mr Gennaro, qui heureusement est là pour nous faire rire, mais aussi celle de Sonia Palau en Anna, qui se retrouve seule face à la cruauté de son mari et nous livre ses sentiments les plus douloureux. De nos jours, pouvons nous encore faire aveuglement confiance en notre prochain comme Anna le fait ? Elle nous y donne vraiment envie malgré tout. C’est à travers chaque personnage, que nous percevons un aspect différent du monde, cocasse ou grinçant. Fabio Marra a su avec finesse mêler drame et comédie farcesque, on ne saurait les dissocier pour notre plus grand plaisir.

 

23 octobre 2010

Le Mardi à Monoprix

 


 

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« C’est long, ça s’éternise… » 

 

Avec Le Mardi à Monoprix, on est pas déçu. Bien sûr on ne s’attendait pas à ce qu’un merveilleux texte éclate à nos oreilles avec un titre pareil. Certes, le Mardi à Monoprix c’est le jour où notre Marie-Pierre va rendre visite à son grognon de père. Elle ne veut pas le laisser seul depuis la mort de sa mère. Le petit problème de Marie-Pierre, c’est qu’il y à quelques années il était Jean-Pierre ; et ça évidemment ça ne pardonne pas. Un texte truffé de bons sentiments. Oui, après tout, c’est vrai, on s’indigne un peu, on aime bien Marie-Pierre. Marie-Pierre est vraiment une belle femme. De ce coté là Jean-Claude Dreyfus à fait fort, on ne voit pas un homme déguisé mais une vraie femme. On regarde cette femme à l’allure trapue, dans sa petite robe à « fleufleurs » trouvée sur les marchés de province comme le souligne bien son interprète. Maquillée, regard de braise, sortant de chez le coiffeur, pomponnée, femme jusqu’aux bout de ses ongles écarlates, elle nous berce de sa plus douce voix. Peut-être un peu trop. Parce qu’au delà de ce superbe travestissement, de la si fine approche de Jean-Claude Dreyfus, qui retrouve son dada d’antan, on s’ennuie sur les répétitions excessives et les longueurs d’un texte porté malencontreusement au théâtre. Oui, nous savons combien il peut être difficile de faire face à l’incompréhension de la société, et encore plus de proche. L’exclusion, les regards intrusifs et dégradant que l’on vous porte. En quelques mots, le lot quotidien de notre pauvre Marie-Pierre. On l’entend nous raconter  le petit ménage qu’elle fait pour son père, parce qu’elle l’aime son père ! Le refus de celui-ci à accepter sa nouvelle identité, les nombreuses courses à Monoprix, se répétant malheureusement pas inlassablement. Encore et encore, toujours et toujours, la même chose, la même note bien que parfois on se laisserait aller à l’écouter, cette pauvre Marie-Pierre. Nous sommes bien loin de l’énergie d’une Mrs Doubtfire qu’on aurait largement préféré! On regarde son voisin de salle (probablement au dessus de la cinquantaine), aussi distrait que vous même, puis le regard se reporte sur les étranges mimiques du personnage. S’il est vrai que Jean-Claude Dreyfus est entré formidablement dans ce corps très féminin, il a tendance parfois à en faire un peu trop. Un petit pas par-ci, un autre par-là, je piétine, je mime, regardez moi ! regardez moi ! hop je met mes belles mains en l’air et vous montre où je vais !

 

Vis à vis du texte, ce n’est pas à proprement dire une pièce de théâtre, mais un one-man/woman show non assumé. Le seul réel intérêt est la performance de l’acteur. Heureusement, quelques surprises, nous sourions de temps en temps. Marie-Pierre au Monoprix flashant sur ce beau vigil noir, ou bien encore, Marie-Pierre présentant un concombre ou bien un melon comme objet sexuel. Finalement, ce dont on ricane, c’est plus d’une espèce de décalage (lorsque Marie-Pierre imite son père et qu’elle passe d’une voix à une autre) que d’une gène qu’on pourrait éprouver pour cet être qui souffre. Autour de Marie-Pierre, - et il y a du budget - le décors est plutôt lumineux et scintillant sous les rideaux en fils, un tabouret perchoir, du plastique blanc, nous rappelant le coté soirée travestie d’un certain milieu cabaret. C’est vrai que nous sommes bien au théâtre ouvert, à deux pas du Moulin Rouge, quel meilleur endroit ? On devine facilement que notre héroïne terminera sa vie prostituée. Evidemment, aucun autre avenir logique pour un travesti que de terminer sur les trottoirs de Pigale!

 

C’est vrai que le pathos n’est pas présent et Dieu merci, mais on aurait bien voulu voir une Marie-Pierre nous dévoiler un peu plus sa faille vers la fin. En bref comme le texte, je vais me répéter, et le personnage se l’exclame si joliment « C’est long, ça s’éternise… » et comment.. on aurait pas mieux dit. Par moment on se réveille au son de la contrebasse qui ponctue le dialogue du personnage central. On s’attarde sur lui, et on en oublie Marie-Pierre. Mais que fait donc ce jeune contrebassiste, de blanc vêtue, façon cabaret à la droite de Marie-Pierre ? Ponctuer, suivre, raconter le texte. Pourquoi pas, cela rajoute un peu d’intérêt pour les peut-être amateurs de musique se trouvant dans le public ? Autre chose dont on ne saisit pas bien l’intérêt est ce petit hymne chantant que nous offre notre cher Jean-Claude Dreyfus. A présent nous connaissons l’attrait qu’il porte au chant, et que sa voix, ma foi, n’est pas si désagréable. La fin est esthétiquement très surprenante… On a le droit à une espèce de mauvais remake à la David Lynch, on veut donner l’impression qu’on est dans un mauvais et sombre rêve, où le personnage souffrant se réduit à néant, que tout se désagrège. Où est la logique ?  Mais non ce n’est pas encore fini… On apprend, avec grande surprise que oui, maintenant Marie-Pierre se prostitue, la contrebasse se fait larmoyante, Marie-Pierre meurt. Une foule d’applaudissement pour un acteur renommé, qui tout de même passe mieux en travesti que dans les pubs Marie.

 

 

27 décembre 2009

Solitude

 

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dexter


Dexter finalement, n’est qu’une figure amplifiée de l’homme. Qui ? réellement pourrait comprendre ? concevoir l’impact de ses actes mais surtout son pourquoi du comment ?Mais aussi, qui peut réellement te comprendre, toi même et tes pensées les plus profondes ? Prends tu conscience de ton entité? Nous montrons nous, ne serait-ce qu’une fois tel que nous nous voyons, quand, seul, éloigné de tous, nous nous sondons. Quand lorsque croyons prendre conscience de la fabrication de nos nous, différents personnages assez bien façonnés, livrant seulement ce que nous aimons à livrer et ce que la personne aime à voir livrer. Peur d’incompréhension compréhensible ? Fort sentiment de solitude. Au fond n’est on pas content de se penser unique, une conscience bien à part comportant ses propres clefs ?

Ce que nous pouvons montrer à x nous ne le montrons pas forcément à y et ainsi de suite, par accommodation peut-être instinctive. Alors ni x ni y ne nous connaît. Sommes nous des tricheurs ? Ou alors des comédiens bluffant par instinct de survie ? Cet instinct de survie est à la base de la méfiance, de la peur d’une autre conscience différente de la notre et bien capable. Comment sans violence, et sans rester centré sur son propre soi, ses propres pensées, concevoir la pensée d’autrui ?

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